vendredi 7 mai 2010

Rien n’échappe au régionalisme, pas même la Lépi…

par Arimi choubadé ⋅ vendredi 7 mai 2010 ⋅ Répondre à cet article
Rédigé le 07 mai 2010
Le Bénin de la Lépi et celui anti-Lépi. Tous deux face à face sans se confondre. L’évaluation à mi-parcours du recensement porte-à-porte apprécie mieux le phénomène. Des endroits affichent pratiquement le plein pendant qu’à d’autres, c’est le désert. Difficile d’y croiser le moindre agent recenseur. Engouement extraordinaire dans la latitude septentrionale depuis les frontières extrêmes nord du pays jusqu’à la hauteur de Dassa-Zoumè avec quelques îlots de graves flottements à Savalou ou à Glazoué. Cette espace correspond curieusement au Yayiland délimité par le retentissant « plus jamais çà » du ministre Nicaise Fagnon. Un territoire à l’intérieur duquel malheur au moindre activisme politique si ce n’est pour magnifier le grand Yayi. Il n’y a que là que l’on rencontre les vrais patriotes recensés massivement. Contrairement à l’autre Bénin, celui des apatrides voire saboteurs de la volonté présidentielle de moraliser le fichier électoral béninois. Il va du littoral Atlantique jusqu’à la limite susmentionnée.
La présentation angélique du superviseur général de la Commission politique de la Lépi n’enlève rien au fait que c’est à Cotonou, siège de tout le processus que les recensés se font rare. Ne parlons pas de Calavi, de Porto-novo ou d’Abomey, des plates-formes supposées de l’anti-yayisme. Au lieu de lancer à la cantonade des pourcentages à l’échelle nationale, le très brillant Arifari Bako aurait dû livrer à l’opinion ses constats région par région, fief par fief, land par land. De quoi édifier chacun sur les deux Bénin apparus au grand jour grâce à l’avènement du Changement. Car tout le monde sait qu’il n’y a pas de solution magique applicable à l’ensemble du territoire national. La pagaille n’a pas la même ampleur partout. S’il faut 10 jours pour corriger les ratés à Kandi ou à Bembèrèkè il en faut certainement le double voire le quadruple à Godomey, à Kétou ou à Bohicon. Le rajout de délai n’est pas non plus la thérapie à tous les maux enregistrés à l’occasion de ce recensement au forceps. Le temps de voir surgir de terre de nouveaux recenseurs complémentaires munis d’outils de travail adéquats (fiches, stylos, imperméables, moyens de déplacement, casse-croûtes) ? Les gens qui désespèrent tous les jours de ne pas rencontrer le moindre agent recenseur sur leur passage dans les quartiers de Cotonou attendent des annonces sensées et non des appels au miracle.
On est d’accord que Bako s’arc-boute sur les chiffres récoltés par ses rabatteurs sur le terrain. Par contre, ses estimations à propos des statiques attendues posent problème. Son institution a toujours gardé à bonne distance du processus de la Lépi les experts reconnus en statistique, en recensement et en catégorisation des populations. On leur aurait dit le nombre d’agents qu’il faut, le nombre de jours nécessaires et les risques de perturbations par la pluie par exemple. De quoi éviter tâtonnements et improvisations. Allez expliquer à Rosine Soglo que c’est un hasard que les meilleurs chiffres de personnes recensées apparaissent dans le nord d’où sont originaires les deux personnalités qui dirigent les deux organes principaux du processus que sont la Cps et la Mirena ainsi que le spécialiste des questions électorales. Peut-être que les populations de ces régions sont sorties massivement par solidarité ethnique aux principaux responsables du processus. A se demander de quel côté prendre la problématique autour des dysfonctionnements de cette Lépi sans tomber dans des travers régionalistes. Parce que tout se conjugue désormais en cette fin de mandat de Yayi à l’aune de prétendus antagonismes entre les différentes régions du pays. Il parait que la survie du trône en dépend. Parole du député Rachidi Gbadamassi reconverti depuis son transfert rocambolesque au « rassemblement du nord pour la conservation du pouvoir ». Nord contre sud !
Tout un projet politique…
arimi choubadé

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